Danmyé

Le danmyé également appelé Laghia ou ladja est un art martial martiniquais importé dans l'île par les esclaves originaires d'Afrique arrivés dans l'île pour travailler comme main d'œuvre servile dans les plantations de l'île. Le mot se compose de deux particules, « danm » qui signifie initié dans deux langues africaine et « yé » qui signifie « groupe ». Le danmyé est donc ceux qui sont initiés. C'est un art martial qu'on le retrouve dans plusieurs îles de la Caraïbe (Guadeloupe, Haïti, Trinidad, Barbade ou la Jamaïque) sous d'autres appellations. Il se rapproche de la Capoeira brésilienne ou la lutte sénégalaise de l'agneau.

Ce n'est pas qu'un sport de combat comme les arts martiaux les plus connus. Il s'agit d'un mélange d'art martial et de musique. Les deux sont indissociables. Un orchestre composé d'un tanbouyè (joueur de tambour) et d'un bwatè épi ti bwa (joueur de ti-bwa) et parfois un chantè (chanteur soliste) et une vwa dèyè (chorale) accompagnent les combattants qui s'affrontent autour d'une foule placée à proximité de la scène. Le combat repose sur l'utilisation de la ruse pour venir à bout de l'adversaire. Les combats sont rythmés et réglés par la musique d'où les combattants (majors) puisent leur énergie et leur inspiration.

La prestation commencent par une course en cercle des combattants au rythme du tambour. Ce sera alors l'arène où se déroulera le combat. Il suffit simplement d'entrer dans le cercle pour devenir un adversaire. Les rythmes de tambour inspirent et motivent les combattant qui vont alors exhiber leur force, rapidité et agilité face au tanbouyé. Le danmyé prend une dimension magique qui fait le rapprochement avec les quimbois. Le major et le tanbouyé partagent un lien fort tout au long de la prestation mais quand on gagne un avantage, le tanbouyé pousse son pied contre la tête du tambour, resserrant le son afin de galvaniser ce combattant.

Les origines précises du danmyé divergent même s'il n'y a aucun doute qu'il est originaire d'Afrique. Selon certaines sources, c'est de la région du Bénin qu'il faut trouver ses prémices et d'autres affirment qu'il viendrait de l'île de Gorée au Sénégal. Le danmyé s'inspire des cérémonies africaine d'initiation des adolescents à l'âge adulte.

Il s'est développé en Martinique dans les plantations où travaillaient les esclaves entre le 17ème et 19ème siècle. Il a même été repris par les maîtres qui organisaient des parades avec d'autres plantations voisines pour vanter la force de leurs esclaves lors de fêtes où les esclaves s'affrontaient comme ce qui peut s'apparenter à un combat de coqs.

La pratique du danmyé a été controversée après la départementalisation car certains combats sortaient du cadre sportif et étaient des rixes armées ou des règlements de compte. C'est ainsi qu'il a été interdit dans plusieurs communes de l'île.

Aujourd'hui le danmyé est en perte de vitesse étant donné que la population plus jeune quitte de plus en plus l'île et que les majors restants sont de plus en plus âgés. Il existe cependant des spectacles où vous pourrez assister à des prestations de danmyé, en particulier dans la commune de Sainte-Marie.