Cyrille Bissette

  • Cyrille Bissette
    Domaine :
    Histoire
    Date de naissance :
    9 Janvier 1795
    Date du décès :
    22 janvier 1858

Cyrille Charles Auguste Bissette naît le 9 janvier 1795 à Fort-Royal (actuel Fort-de-France). Il est le fils d'un mulâtre Charles Borromée Bissette, orginaire du Marin et d'une mulâtresse libre Élizabeth Mélanie Bellaine, fille illégitime d'un béké qui n'est autre que le père de Joséphine de Beauharnais.

En 1818, Bissette devient négociant à Fort-Royal. Avec son statut de « libre de couleur », il aide à mater une révolte d'esclaves dans la commune du Carbet, un acte qui regrettera fortement.

En 1823, un texte alors en circulation en Martinique appelé « De la situation des gens de couleur libres aux Antilles Françaises dénonce les injustices dont sont victimes les hommes de couleur libres et réclame alors les mêmes droits que les Blancs vivant dans l'île notamment dans l'exercice de certains métiers qui leur sont refusés comme avocat, médecin ou encore charpentier. Les auteurs demandent aussi le rachat progressif des esclaves et la suppression des châtiments corporels. Ce texte irrite fortement le procureur du Roi et les Békés de Martinique.

En décembre 1823, Bissette est dénoncé par un de ses voisins. La police découvre plusieurs exemplaires de l'ouvrage à son domicile ainsi qu'un projet de réclamation à la chambre des Députés. Il est arrêté avec deux autres mulâtres Jean-Baptiste Volny et Louis Fabien fils. Il est alors condamné par la Cour royale à la marque au fer rouge (« GAL » pour galère) et aux galères à perpétuité. Tous trois sont déportés à Brest. Après un pourvoi en cassation, l'arrêt est cassé en 1826.

Renvoyé avec ses présumés complices devant la Cour royale de la Guadeloupe, il est libéré le 28 mars 1827. Déclarés non coupbles, ils sont remis en liberté, Bissette est interdit de territoire dans les colonies françaises pour 10 ans. Ses trois ans en détention auront marqué Bissette qui se battra désormais pour l'abolition de l'esclavage dans les colonies.

En 1828, il s'installe à Paris et s'insurge devant l'administration coloniale, réclamant que les libres de couleurs bénéficient des mêmes droits que les Blancs dans les colonies françaises.

En 1834, il crée la « Société des hommes de couleur », puis la « Revue des Colonies. Recueil mensuel de la politique, de l'administration, de la justice, de l'instruction et des mœurs coloniales par une Société d'hommes de couleur », dont il sera le directeur.

Dès le premier numéro, Bissette réclame l’abolition immédiate de l’esclavage se basant sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il mène de combat bien avant Victor Schoelcher qui lui était lui plus en faveur d'un délai 60 ans oour préparer les sociétés à cette émancipation. C'est dans les années 1840 que Schoelcher puis la Société Française pour l'Abolition de l'esclavage se prononceront en ce sens.

En 1836, il propose dans sa revue un projet de loi pour l'abolition immédiate de l'esclavage (« Nous n'avons jamais pu concevoir un état intermédiaire entre la liberté et l'esclavage ; l'esclavage une fois aboli, doit mourir tout entier… Toute trace d'esclavage doit s'effacer sans retour. Voulez-vous que le Noir nouvellement affranchi apprenne à être libre ? Qu'il entre dans toute la plénitude de sa nouvelle existence ») avec tous les habitants des colonies « libres et égaux en droits sans distinction de couleur », avec tous les « droits de famille, civils et politiques, au même titre que les autres citoyens français ».

Il réclame également des « écoles gratuites et obligatoires pour l'instruction civile et religieuse des cultivateurs seraient ouvertes dans toutes les communes des différentes colonies françaises »

Sous l’impulsion de Bissette et d’autres abolitionnistes convaincus (dont Lamartine, Tocqueville, La Fayette, La Rochefoucauld, etc.), l’opinion se mobilise et les pétitions publiques se multiplient. Parmi ces dernières, celles des 191 Hommes de couleur de la Martinique en novembre 1836 puis celle des ouvriers de Paris en janvier 1844, et l’appel aux abolitionnistes à l'intention du Parlement et des Conseils généraux en août 1846.
 
En 1847, Bissette fonde « La Revue abolitionniste » dont il rédigera les trois seuls numéros qui paraîtront. Les choses sont en marche, une Commission d’émancipation est créée sous la supervision du ministre de la Marine. Bissette est recalé bien qu'il souhaitait en faire partie. C'est Victor Schoelcher qui présidera la commission et les deux hommes déjà rivaux s'affronteront dans des écrits interposés sur les questions de l'esclavage. Bissette reprochait à Schoelcher ses critiques de l'attitude des noirs libres de couleurs à l'égard des noirs esclaves et son opinion sur les mulâtresses « simples maîtresses des Blancs ».  Le décret d'abolition est proclamé finalement le 27 avril 1848 avec la signature de Victor Schoelcher.

Bissette retournera à la Martinique en 1849 en s'engageant en politique. Il fait campagne lors des élections législatives et en appelle à toutes les composantes de la population. Rejoint par un béké Auguste Pécoul, il est confortablement élu en juin 1849. Victor Schoelcher est quant à lui élu en Guadeloupe. L'animosité se cessera pas entre les deux hommes.
 
A la suite du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, Bissette quitte la politique. Il devient un simple greffier de justice en 1853. Il meurt dans l’anonymat total à Paris, le 22 janvier 1858. Aujourd'hui aucune rue, ni lieu public ne porte son nom. Il est resté dans l'oubli et est actuellement peu connu en Martinique. Seul un rond-point porte son nom à ...Schoelcher en Martinique.