Félix Éboué

  • Félix Éboué
    Domaine :
    Histoire
    Date de naissance :
    26 décembre 1884
    Date du décès :
    17 mai 1944

Adolphe Sylvestre Félix Eboué né le 26 décembre 1884 à Cayenne était un administrateur et homme d'État français. En Martinique, il a été Secrétaire Général. Félix Eboué était le quatrième fils d'une famille de cinq enfants. Son père Yves Urbain Eboué fut d'abord chercheur d'or avant de finir directeur-adjoint.

Sa mère, Marie Joséphine Aurélie Leveillé remplaça les absences fréquentes et prolongées de son mari pour élever ses enfants. Mme Eboué possédait une connaissance pointue des traditions guyanaises en particulier des « dolos » (proverbes guyanais) qui émaillaient ses phrases.

Après de brillantes études à Cayenne, il obtient en 1898 une bourse d'étude pour la France et part à Bordeaux au Lycée Montaigne. A Bordeaux, en complément de ses études, Félix Eboué s'adonne au sport et particulièrement au football et devient capitaine des « Muguets » du lycée.

Il obtient à Bordeaux son baccalauréat ES-lettres puis part à Paris où il mènera de front des études de droit et celles de l'École coloniale (d'où sort l'élite des administrateurs de la France d'Outre-Mer) et obtiendra en 1908 sa licence à la faculté de droit.

Administrateur en Afrique Équatoriale Française

Elève-administrateur des colonies, puis administrateur-adjoint en 1910, Félix Eboué est affecté en Afrique Équatoriale Française (A.E.F.). Il est nommé à Madagascar puis en Oubangui. Pour mieux asseoir son administration, il s'efforce d'apprendre les us et coutumes de ses administrés. L'origine des manifestations auxquelles se livrent périodiquement les natifs du pays (fêtes, cérémonies religieuses, danses, jeux) n'aura plus de secret pour lui.

Il va même jusqu'à écrire et faire publier en 1918 une étude sur les langues Sango, Banda et Mandjia. Sa politique administrative basée sur l'épanouissement des valeurs humaines et sociales dans un cadre de concertation et de respect des traditions africaines est très appréciée.

En 1927, il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur sur la proposition du Ministre de l'Instruction Publique. Durant trois congés successifs, Félix Eboué revint en Guyane retrouvant avec plaisir sa famille et ses amis et partageant avec eux souvenirs et expériences africaines. C'est ainsi qu'il fit découvrir l'écrivain René Maran (prix Goncourt pour son roman Batouala en 1921), guyanais aussi, adjoint des Affaires Civiles en A.E.F..

En juin 1922, il épouse Eugénie Tell à Saint-Laurent. Sa mère meurt en 1926 rejoignant son père disparu auparavant. Félix Eboué passe vingt années de service en Afrique-Équatoriale française qui lui permettront de donner sa mesure et de révéler ses qualités d'administrateur.

Mission aux Antilles

En 1933, Félix Eboué est nommé secrétaire général à la Martinique où il remplace de juillet 1933 à janvier 1934 le gouverneur titulaire parti en congé pour deux ans. Après la Martinique, c'est le Soudan français où Félix Eboué est élevé au rang de gouverneur.

En 1936, il nommé à la Guadeloupe en 1936 et devint le premier noir à accéder à un grade aussi élevé. En Guadeloupe, il met en pratique son esprit de conciliation dans un contexte social troublé.

C'est dans cette colonie, à l'occasion de la remise solennelle des prix le 1er juillet 1937 au lycée Carnot de Pointe-à-Pître, qu'il adressa à la jeunesse d'Outre-Mer son célèbre discours « Jouer le Jeu » dont voici quelques extraits : « Jouer le jeu, c'est être désintéressé Jouer le jeu, c'est piétiner les préjugés, tous les préjugés et apprendre à baser l'échelle des valeurs sur les critères de l'esprit.

Jouer le jeu, c'est mépriser les intrigues et les cabales, ne jamais abdiquer, malgré les clameurs ou menaces, c'est poursuivre la route droite qu'on s'est tracée.

Jouer le jeu, c'est savoir tirer son chapeau devant les authentiques valeurs qui s'imposent et faire un pied-de-nez aux pédants et aux attardés. Jouer le jeu, c'est aimer les hommes, tous les hommes et se dire qu'ils sont tous bâtis sur une commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.

Jouer le jeu, c'est mériter notre libération et signifier la sainteté, la pureté de notre esprit... »

En 1938, il quitte ensuite la Guadeloupe pour le Tchad devant la menace d'un futur conflit. Sa principale mission : assurer la protection de la voie stratégique vers le Congo.

Partisan de De Gaulle

Il fait construire les routes qui vont permettre cinq années plus tard, en janvier 1943, à la colonne Leclerc de remonter rapidement à travers le Tibesti vers l'Afrique du Nord.

Dès le 18 juin 1940, Éboué se déclare partisan du Général De Gaulle. Le 26 août, à la mairie de Fort-Lamy, il proclame, avec le colonel Marchand Commandant Militaire du territoire, le ralliement officiel du Tchad au Général de Gaulle.

Le 15 octobre il reçoit De Gaulle à Fort-Lamy, qui va le nommer, un mois après, gouverneur général de l'Afrique-Équatoriale française. Le 29 janvier 1941, il reçoit du Général de Gaulle la Croix de Libération. Eboué transforme l'A.E.F. en une véritable plaque géostratégique d'où partent les premières forces armées de la France Libre. Elles sont conduites par les généraux de Larminat, Koening et Leclerc.

Résidant à Brazzaville, il organise une armée de 40 000 hommes et accélère la production de guerre. À l'exemple de Lyautey, il souhaite que l'indigène puisse conserver ses traditions et pense que l'appui des chefs coutumiers est indispensable. Il combat pour l'insertion de la bourgeoisie indigène dans la gestion locale.

Il consigne toutes ses idées dans son étude intitulée « La nouvelle politique indigène pour l'Afrique Équatoriale Française ». La conférence des hauts dirigeants administratifs des territoires africains tenue à Brazzaville le 22 janvier 1944 retient la thèse d'Éboué sur l'assimilation, mais il ne verra pas la réalisation des projets. Fatigué, il part se reposer en Égypte, après avoir séjourné en Syrie.

Il meurt au Caire le 17 mai 1944 d'une congestion cérébrale, entouré par sa femme, sa fille et son fils cadet. La France, par la loi du 28 septembre 1948 ordonna que soient inhumés au Temple de l'Immortalité le Panthéon, les restes du Premier Résistant de la France d'Outre-Mer.