Fernand Donatien était un musicien, arrangeur et compositeur, l'un des plus emblématiques de la musique créole martiniquaise. Il naît le 1er Juin 2022 à Fort-de-France de deux parents originaires de Saint-Pierre qui ont quitté l'ancienne capitale détruite par l'éruption de la Montagne Pelée. Dès son plus âge il baigne dans la musique avec ses parents musiciens qui jouaient et écoutaient de la musique traditionnelle à côté des airs d'opéra.
Ils possédaient toute une collection de disques de Saint-Pierre ainsi qu'une grande discothèque classique. Il grandit à Fort-de-France où il se passionne alors pour la musique locale notamment la biguine, la mazurka et la valse créole.
À l'âge de 12 ans il commence l'apprentissage du pipo, puis ensuite se met à la flûte traversière en bambou. La flûte locale n'était pas juste à l'époque et restait un instrument très limité. À 15 ans, il maîtrisait déjà Schubert et Chopin.
Il s'intéresse alors à la biguine, la valse et la mazurka. À l'époque, ces musiques étaient réservées à l'élite. Elles étaient appelées musique coloniales car c'était des rythmes occidentaux adaptés aux sonorités antillaises. Plus tard, Fernand Donatien sera l'élève d'André Collat. Sa première composition est « Rumba bleue ».
Avec son complice, Laurent Larode, il va créer l'orchestre Stardust qui jouait différents genres musicaux (slows, tangos, mambo, guaracha, biguine, mazurka et valses) et va enregistrer plusieurs titres :
- Es ou sonjé,
- Faut déclarer
- Vié frè mwen
Fernand Donatien était un perfectionniste. Il était pleinement investi dans la création littéraire et musicale avec un désir constant de perfection de la musique martiniquaise. Il voulait sublimer la musique locale et la création artistique. Il remporte plusieurs prix au concours de la chanson créole en 1948.
Fernand Donatien était aussi un homme aux fortes convictions. Les paroles de ses chansons servaient à mettre en lumière et traduire en chanson les problèmes sociaux et politiques rencontrés par la société martiniquaise (« Boïng la », « Crédit a red à la consommation », « La main nwuè »). Ainsi parmi ses chansons primées, on retrouve la chanson de carnaval « la Consommation » dans laquelle il décrit la triste de situation de l'île de l'époque : fermeture d'usines, le marché local de fruits et légumes en plein déclin et la population ne survivant que grâce aux aides sociales qu'elle perçoit et dans le même temps l'hypermarché Prisunic qui prospérait grâce à l'importation de produits alimentaires.
Dans la chanson « Pou twa fran », il évoque les événements de l'Habitation Chalvet en 1974 où des ouvriers sont morts après avoir réclamé l'augmentation du prix de la journée de travail de 3 francs (35,64 francs au lieu de 32 francs). Il savait l'impact de ses chansons et a déclaré au cours d'une émission hommage « Une chanson peut avoir plus d'impact que 2 500 discours ».
Il s'imprègne du style cubain (mambo, guaracha) qu'il introduit dans les sonorités de la musique locale. Compositeur de nombreux succès générationnels locaux, il est celui qui a écrit et/ou composé pour plusieurs interprètes tels que Laurent Larode dans le groupe Stardust, Gertrude Seinin, Super Cubanos, Jocelyne Béroard, Ralph Thamar, Jean-Philippe Mathély, Danièle René-Corail, Céline Flériag, Pipo Gertrude, Jannick Voyer ou encore Claudy Largen.
Parmi ses plus grands succès en tant que parolier ou compositeur on retrouve :
- À supposer par Gertrude Seinin ou Jocelyne Béroard
- Si sa rivé ou Es ou sonjé par Laurent Larode
- A la Léona par Gertrude Seinin (en hommage à Léona Gabriel)
- Glycéria par Danielle René-Corail (groupe Taxi-Kréol)
- Grand manman matitout par Céline Flériag
Fernand Donatien a aussi enseigné la musique à l'Éducation Nationale et composé des hymnes.
En 1974, il remporte le Prix ORTF pour la chanson « Lan min nwè » interprétée par Laurent Larode.
Fernand Donatien fut le premier président de la commission d'identification des œuvres de l'histoire, créée en 1985 à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de Martinique.
Avec Alexandre Stellio, Léona Gabriel, Sam Castendet, Hurard et Barel Coppet, Albert Lirvat, il fait parti du groupe des géants qui auront marqué l'histoire de la biguine, la mazurka et la valse en Martinique.
Plusieurs hommages lui ont été rendus localement. Dans un livre intitulé « Fernand Donatien, Le triomphe de la chanson créole » écrit par Jean-Baptiste-Édouard Roland, Christian Boutant alors Président de la SACEM en Martinique déclare « Fernand Donatien est incontestablement celui qui aura marqué de façon remarquée et remarquable le monde de la chanson créole, nous laissant des souvenirs impérissables grâce à une littérature musicale remarquable de sens, d'inventivité, de cohérence. On est frappé par son aisance dans l'écriture, par la justesse de ses mots, de ses locutions, par les merveilleuses métaphores qu'il utilise pour dépeindre cette société martiniquaise qu'il connaît avec précision.
« Deux heures du matin », « Si telman », « Glycéria », « Gran manman Matitout », « Es ou sonjé », des biguines, des mazurkas, des valses créoles... tout y passe avec la même subtilité, un talent toujours au rendez-vous, cette élégance des mots, ces mélodies joyeuses en harmonie parfaite avec les textes et les sujets décrits. (...)
Fernand Donatien, un homme vrai, un génie, une empreinte indélébile dans le patrimoine martiniquais. ».
Un grand hommage en musique lui a aussi été rendu le Samedi 17 Mars 2012 à la Salle Aimé Césaire à l’Atrium à Fort de France.
Dix ans après sa mort en 2013, le collège Dillon 1 de Fort-de-France été rebaptisé à son nom.