Les instruments de musique

Le tambour

Certaines musiques que nous appelons aujourd'hui musiques traditionnelles de la Martinique sont venues d'Afrique et ont été importées lors de la traite négrière. Ce sont majoritairement des musiques à base d'instruments à percussion, le chacha (sorte de maracas) et le tibwa (instrument formé de deux baguettes de bois et d'un morceau de bambou sur lequel on frappe). Mais quel rôle avait la musique dans la vie des esclaves à l'époque ?

Le tambour était un instrument emblématique des esclaves. Il y avait deux sortes de tambours avec des tailles et des usages différents. L'un était plus grave et chargé de donner une pédale rythmique plus longue et l'autre plus aigu destiné à évoluer rapidement selon des formules répétées ou non.

Pour fabriquer ces tambours, ils utilisaient des tonneaux, des bambous creux auxquels ils attachaient des peaux. Le musicien était assis sur son tambour. Cette vision semble proche de celle que l'on a actuellement sur les « tambouyés » (joueurs de tambour) de bèlè martiniquais.

Le banza

Banza, instrument de musique des esclaves
Banza, instrument de musique des esclaves

Autre instrument souvent mentionné dans presque tous les documents du 18ème siècle, le banza qui a disparu sous cette forme aujourd'hui. Il a donné par évolution le banjo dont le nom dérive du banza. Un banza retrouvé par Victor Schoelcher d'Haïti en 1840 est aujourd'hui exposé au Musée instrumental de la Cité de la Musique à Paris.

Le banza est un luth originaire d'Afrique qui a été introduit aux États-Unis et dans la Caraïbe par les esclaves puis s'est vite développé. Il a été placé au premier plan dans les rencontres culturelles les musiciens africains et européens et ouvert la voix aux musiques afro-américaines (blues, ragtime, jazz, rhythm & blues, rock & roll et hip hop). Il a accompagné la plupart des musiques populaires américaines depuis la deuxième moitié du 19ème siècle.

Dans un livre de Richard de Tussac, un botaniste et naturaliste français, Le Cri des Colons il y décrit la vie des esclaves dans les plantations à Saint-Domingue et le banza qu'ils utilisaient pour lors de leur prestations musicales :

Quant aux guitares, que les nègres nomment banza, voici en quoi elles consistent : ils coupent dans sa longueur et par le milieu, une calebasse franche. Ce fruit à quelques fois huit pouces et plus de diamètre. Ils étendent dessus une peau de cabri, qu'ils assujettissent autour des bords avec des petits clous; ils font deux petits trous sur cette surface, ensuite une espèce de latte ou de morceau de bois grossièrement aplati, constitue le manche de la guitare. Ils tendent dessus trois cordes de pitre (espèce de filasse tirée de l'agave, vulgairement pitre); l'instrument construit. Ils jouent sur cet instrument des airs composés de trois ou quatre notes, qu'ils répètent sans cesse; voici ce que l'évêque Grégoire appelle une musique sentimentale, mélancolique; et ce que nous appelons une musique de sauvages.

Appelé différemment selon les colonies, le banza est mentionné dans des écrits sur la Martinique dès 1678.

L'anzarka

L'anzarka, autre instrument à cordes venu d'Afrique, qui, modifié, ressemblait à une guitare que l'on retrouvait souvent dans les moments festifs des Noirs dans les quartiers des cases de la plantation.