Biguine et mazurka

La biguine est une danse et une musique traditionnelles apparues en Guadeloupe puis en Martinique vers la seconde moitié du 19ème siècle. En effet, on en fait référence pour la première fois dans un article de M.Monchoisy, intitulé « Les Antilles Françaises en 1893 » dans la Revue des deux mondes.
Elle suscita un grand engouement en France dans les années 1930, notamment lors de l'Exposition coloniale internationale de 1931, puis des années 1940 à 1960 alors que l'Occupation avait été peu propice à l'expression des artistes antillais.
Dans les années 70, sa popularité allait décroître avec l'arrivée de rythmes comme la rumba cubaine ou le compas haïtien.
Il existe deux principaux types de biguine antillaise française qui peuvent être identifiés sur la base de l'instrumentation dans la pratique musicale contemporaine : la biguine de tambour et la biguine orchestrée.
- La biguine de tambour ou « bidgin bèlè » en créole est issue d'une série de danses bèlè effectuées depuis les premiers temps coloniaux par les esclaves qui habitaient les grandes plantations de sucre. Musicalement, le bidgin bèlè peut être distingué de la biguine orchestrée par les moyens suivants : son instrumentation (tambour cylindrique unique membrané (bèlè)) et les bâtons de rythme (ti-bwa), le style de chants d'appel et de réponse, l'improvisation du soliste et la qualité de voix nasale.
La biguine figurait dans les rituels de fertilité pratiqués en Afrique de l'Ouest, mais sa signification rituelle a disparu depuis en Martinique.
- La biguine orchestrée est un mélange de musique traditionnelle bèlè avec les genres de danse européens. Trois styles différents existaient : la biguine de salon, la biguine de bal ou la biguine de rue.

Dans les années 1930, plusieurs artistes de la Martinique et de la Guadeloupe se sont installés en France métropolitaine où ils ont connu une forte popularité à Paris, plus particulièrement lors de l'exposition coloniale de 1931. Les premières stars comme Alexandre Stellio (photo ci-contre) et Sam Castandet deviennent populaires à Paris.
Entre 1930 et 1950, la danse biguine devient populaire au travers d'orchestres de danse des îles. Sa popularité à l'étranger s'est aussi éteinte tout autant subitement, mais elle est restée majeure en Martinique et en Guadeloupe jusqu'à l'avènement du compas en 1950. À la fin du 20ème siècle, les musiciens comme le virtuose clarinettiste Michel Godzom ont aidé à révolutionner le genre.
La biguine a plusieurs points communs avec le jazz à Nouvelle-Orléans et a même influencé son développement !
Artistes de biguine
Les grands noms de la biguine sont Manela Pioche, Roger Fanfant, Émilien Antile, Gérard La Viny, Al Lirvat, Léona Gabriel, Fernard Donatien, Sam Castendet, Robert Mavounzy, Barel Coppet, Ernest Léardée, Alexandre Stellio, Félix Valvert, Fernande de Virel, Moune de Rivel, Honoré Coppet, Hurard Coppet, Eugène Delouche, Marius Cultier, Paulo Rosine, Francisco, Maurice Jalier, Loulou Boislaville, Gertrude Seinin, Gisèle Baka, Malavoi, etc...